Archives de Contibel
Conservées : aux Archives Générales du Royaume, dépôt Cuvelier (AGR 2).
Traitement : par l'AVAE en 1999.
Masse : 12 ml ou 116 articles
Inventaire : non publié (Brion, R. et Moreau, J-L., Inventaire des archives de Contibel, Bruxelles, janvier 2000).
Dates : 1933-1993
Historique
La Compagnie Belge et Continentale de Gaz et d'Electricité, alias «Contibel», fut constituée sous forme de société anonyme le 1er décembre 1933 par une société anglaise, l’Imperial Continental Gas Association (ICGA). Son capital, fixé à 150 millions de francs, fut réparti en 300.000 parts sociales, toutes attribuées à la société-mère en échange de participations de contrôle dans différentes sociétés belges de gaz et d’électricité : Electrogaz, La Provinciale, AGM (Antwerpse Gasmaatschappij) et Cokeries du Brabant.
Pour comprendre l’origine de ce portefeuille, il faut remonter en 1824, date de création de l'ICGA. Celle-ci fut fondée par quelques capitalistes anglais dans le but de développer en Europe continentale l’usage de l'éclairage au gaz de houille. Elle obtint d'importantes concessions à Anvers et Bruxelles. L’ICGA s’intéressa à l’électricité à partir des années 1890, avec la création de sociétés d'électricité filiales à Lille, Bruxelles ou Berlin. En 1908, l’ICGA fit l’acquisition d’un terrain à Drogenbos et commença la construction d’une centrale électrique destinée à alimenter les faubourgs de Bruxelles.
Les années qui suivirent la première Guerre mondiale furent marquées en Belgique, par l’apparition d’intercommunales mixtes, associant sociétés privées et communes à l’organisation de la distribution de gaz et d’électricité. L’ICGA innova dans ce domaine puisque la première société mixte du genre fut l'Intercommunale GasBedeling Antwerpen‑Hoboken, gérée par l'Antwerpse Gasmaatschappij.
En 1933, estimant qu’il devenait difficile d’être un entrepreneur direct en Belgique, l’ICGA décida de filialiser ses actifs dans ce pays. D’où, la création de Contibel, en 1933.
Dès 1934, celle-ci mit au point les premiers tarifs à tranches tant pour la vente du gaz que pour celle de l'électricité. En janvier 1934, en vue de promouvoir les ventes d'énergie, la société constitua aussi la société Magec (Matériel et Appareillage pour le Gaz, l'Électricité et le Coke), spécialisée dans la distribution d'appareils ménagers. Les installations de la filiale Cokeries du Brabant, dont le démarrage avait été laborieux, firent l'objet d'une location pour 5 ans à un groupe charbonnier.
En 1947, pour se prémunir autant que possible des conséquences d'une éventuelle nationalisation du gaz et de l’électricité en Belgique, Contibel créa la société Belcomin (Société belge pour le Commerce et l'Industrie), à laquelle elle transféra tous les actifs de ses filiales qui n’étaient pas susceptibles de nationalisation. C’est dans le même esprit qu’elle diversifia ses investissements. Son choix se porta sur la fabrication de chauffe‑eau, de cuisine industrielle et de machines à coudre. Mais, ces tentatives de diversification ne rencontrèrent pas le succès escompté, notamment à cause des mesures d'austérité et de restrictions de crédit qui pesèrent sur les dépenses de consommation dans les années d’après‑guerre
Au cours des années 1950, peu après le renouvellement des concessions gazières et électriques, Belcomin prit un intérêt important dans la société pétrolière Petrofina. En 1957, cette participation fut apportée à la Compagnie d’Anvers, dont Contibel devint l’un des principaux actionnaires. Outre ses intérêts dans Petrofina, la Compagnie d’Anvers était active au Zaïre, où elle détenait des fabriques d'huile de palme et de palmistes, en Turquie, où une de ses filiales exploitait une cimenterie, et en Belgique, où elle était intéressée au transport par barges de gaz et de produits chimiques. Mais en 1973, Petrofina absorba la Compagnie d’Anvers. Contibel (et sa société mère, l’ICGA) devinrent alors l’un des principaux actionnaires de la société pétrolière.
Contibel était aussi active dans le secteur de la construction mécanique. Elle contrôlait la société Contimeter, qui fusionna en 1960 avec la société EGEA pour constituer Contigea, société spécialisée dans la fabrication de compteurs d'eau, de gaz et d'électricité.
En 1963, Contibel et l 'ICGA constituent une société immobilière, Investimmo, en vue de mettre en valeur le patrimoine immobilier qu’elles détenaient à Ixelles. L’îlot formé par la chaussée d'Ixelles, la rue de l'Arbre Bénit et la rue Souveraine fut aménagé de façon à offrir de meilleures facilités à ses locataires, Contibel elle-même et sa filiale Electrogaz. C'est à partir de cette époque que CONTIBEL développa progressivement des activités immobilières spécifiques, soit directement (bâtiments industriels et commerciaux destinés à une partie de la couverture de son fonds de pension), soit par ses filiales communes avec l'ICGA, telles INVESTIMMO, spécialisée dans la rénovation urbaine, et un peu plus tard, COBRAN (lotissements).
La fin des années 1960 et le début des années 1970 ont été un tournant important dans l'évolution de Contibel. Des décisions de désinvestissement sont prises dans des secteurs dont la rentabilité était ou risquait de devenir précaire dans un avenir plus ou moins rapproché.
En 1969, suite à la découverte du gisement gazier de Slochteren et au remplacement progressif du gaz de houille par le gaz naturel hollandais, le site des Cokeries du Brabant à Pont‑Brûlé fut fermé. Les contacts noués en Belgique avec les transporteurs de gaz ayant assuré la liaison entre le gaz de ville et le gaz naturel incitent Contibel, en 1969, à prendre une participation de 50% dans la Société Transport Coulier, une des plus importantes sociétés belges de transport par camions citernes.
Après le démantèlement des Cokeries du Brabant, il est décidé de céder la société MAGEC.
Quant à la Société Chimique de Selzaete, elle fut cédée au groupe allemand Ruetgerswerke. Les raisons originelles de cet investissement ‑ le traitement des sous‑produits de la distillation du charbon ‑ ayant disparu avec l'arrivée du gaz naturel et la liquidation de la plupart des cokeries.
Le portefeuille de Contibel fut également affecté par la concentration du secteur de la Sidérurgie. Contibel, qui détenait dans son portefeuille une participation dans la Société METALLURGIQUE HAINAUT-SAMBRE « M.H.S. » ‑ ex‑client de cokéfaction à façon des Cokeries du Brabant ‑ cèda ses titres en échange d'un intérêt minoritaire en Cobepa (Compagnie Belge de Participation Paribas).
Mais la concentration du secteur électrique en Belgique marquera plus sérieusement encore l’évolution de Contibel. En 1976, afin de répondre au souhait gouvernemental de rationaliser le secteur de l'énergie, tant en production qu'en distribution, Electrogaz absorba les sociétés Esmalux, U.C.E.‑LINALUX et les activités industrielles restantes de la COMPAGNIE NATIONALE D'ECLAIRAGE. Cette opération donna naissance en 1976 à l'UNERG, de laquelle Contibel devint le plus important actionnaire. C'est par le biais d'UNERG et d'INTERCOM que CONTIBEL intervint dans la production d'électricité nucléaire.
De son côté, la participation de Contibel en INTERBRABANT, société absorbée par INTERCOM, fut échangée contre des titres de cette dernière société.
Au milieu des années 1980, l’ensemble du portefeuille de Contibel consacré au secteur de l’énergie en Belgique était devenu déterminant pour l’évolution ultérieure de ce secteur, puisqu’on y trouvait une participation de 7,2% en Petrofina, de 10% en Unerg, de 2,38% en Intercom, de 2,35% en Ebes et de 98% en AGM. La participation en Petrofina s’avérait particulièrement stratégique. Son acquisition par des actionnaires inamicaux risquait notamment de mettre en péril l’application d’un accord entre le groupe de la Société Générale de Belgique et le groupe GBL sur la gestion et le développement de cette société pétrolière belge.
Or, dès la fin de 1985, il apparaissait clairement qu’ICGA comptait parmi les entreprises cotées à Londres, susceptibles de faire l’objet d’une OPA prédatrice par un raider. Vers le milieu de l’année 1986, le groupe des frères Barclay menait une politique d’achat en ICGA dans le but avoué de prendre le contrôle d’une importante filiale de cette société, la société Calor. En cas de réussite de leur opération, il apparaissait évident qu’ils se verraient contraints de céder une partie des actifs de l’ICGA et notamment sa filiale belge Contibel.
Tractebel et GBL ne pouvaient rester indifférents à ces opérations. D’autant plus qu’elles menaçaient aussi la continuité de la gestion du secteur électrique en Belgique. Les tentatives de Tractebel et GBL, pour négocier les conditions d’un rachat de Contibel, menées en 1986 par J. van der Schueren, n’aboutirent pas. Début 1987, Tractebel et GBL tentèrent dès lors de s’entendre avec les frères Barclay en vue d’une OPA conjointe sur ICGA. Mais ce projet d’opération commune échoua également et, le 28 avril 1987, les groupes belges annoncèrent leur offre publique d’achat sur la société Contibel Holdings Plc, entreprise issue de la scission d’ICGA et regroupant les participations belges du groupe anglais. Le 2 septembre 1987, Tractebel et GBL avaient acquis 93% de la société Contibel Holdings Plc.
Cette OPA fut l’une des opérations financières les plus complexes et les plus lourdes, financièrement parlant, jamais entreprise par des protagonistes belges. Son succès signifia la fin de la société belge Contibel, mise en liquidation le 22 décembre 1987, suite à l'apport de l'universalité de son patrimoine à des sociétés des groupes Tractebel et GBL.
Intérêt
Les archives de Contibel complètent celles des autres groupes holding actifs dans le secteur de l'énergie. Contibel présente la particularité d'avoir été un pôle d'ancrage d'intérêts étrangers dans le secteur de l'énergie en Belgique, jusqu'aux années 1980.
Contenu
Plusieurs séries complètent sont conservées : les dossiers des assemblées générales, les procès-verbaux et documents préparatoires des réunions du conseil d'administration, les déclarations fiscales, les registres des appointements des membres du personnel. Plusieurs dossiers concernent aussi le portefeuille-titres de la société et l'évolution de ses principales participations.